@Mankoskymankosky a écrit : arnaudwed a écrit:les femmes sont interdits "officiellement" de danser les abakuas (je ne sais plus quel prof l'a dit lors d'un stage : Madeline ? Sergio ? )
Oui et dans ce sens aussi les liens très forts entre la columbia et l'abakua aujourd'hui
Snoop a écrit:Oui les abakuas sont une société secrète, une fraternité relativement fermée, un peu comme la franc-maçonnerie. Donc en effet c'est différent des orishas qui n'ont rien de secret.
D'accord avec toi Snoop. On a déjà fait l'allusion ici sur le forum entre l'abakua et les maçons. Les cérémonies et certaines danses lukumi dans d'autres pays ne sont pas aussi ouvertes qu'à Cuba. Je pense pour ma part que c'est le syncrétisme qui a permit cela.
Je fais le lien en sachant que ça sort du cadre de ce sujet et peut-être même du forum, car ce serait difficile de donner certaines réponses à certaines questions, que tous les cubains ne sont pas lukumi, comment ceux la abordent la salsa où on parle des orishas ?
Merci pour tes éclairages sur les questions que nous abordons ici. En complément au lien sur les Abakua que tu as posté et pour appuyer les propos de Snoop et Arnaudwed sur les Abakua voici un lien vers une interview (En anglais) de Ivor Miller un chercheur américain qui a pas mal œuvré pour le dialogue entre les Abakua de Cuba et les Ekpe du Nigeria dont ils sont issus.
Cette interview aborde plusieurs sujets dont la similitude avec la franc-maçonnerie qu’évoque Snoop, des expériences plus heureuses que celles des Van Van d’artistes ayant chanté des chansons abakua, l’influence des Abakua sur la rumba, le son, le mambo etc.
Pour montrer en quoi cette digression sur les Abakua s’insère malgré tout dans ce débat, je voudrais citer 2 anecdotes relatées dans cette interview par Ivor Miller. La première concerne son premier voyage en Calabar au Nigeria où il a fait écouter une chanson abakua à une assemblée de Ekpe (Abakua nigerians). Ces derniers à l’écoute de la chanson se sont levés et lui ont dit : « Voilà comment jouaient nos parents ». La seconde anecdote concerne un autre voyage en Calabar d’Ivor Miller où il s’y est rendu accompagné cette fois-ci d’Abakua cubains. Dans une cérémonie qui rassemblait quelques 3000 personnes, 2 Cubains sont invités à jouer les tambours et à chanter. Une fois la chanson entonnée, les 3000 personnes ont repris en cœur cette chanson cubaine et à l’invitation des tambours des hommes masqués (Ireme, symbolisant les ancêtres) ont commencé à danser. Ce fait me semble hallucinant, j’en mets la citation exacte d’Ivor Miller :
Tout ceci nous montre l’humilité et la prudence dont il faut faire preuve lorsqu’on aborde ce qui a trait à l’afrocubain car il ne s’agit plus simplement de Cuba, mais de quelque chose d’encore plus grand que Cuba. Cela ne signifie pas qu’il faudrait s’abstenir de pratiquer telle ou telle danse parce son symbolisme nous échapperait ou parce qu’on serait tétanisé par cette culture qui nous échappe. L’invocation aussi pieuse soit elle d’un dieu Yoruba dans une chanson de salsa n’en fait pas un culte à la divinité en question, de même la présence d’un terme abakua comme « machévere » n’en fait pas une chanson abakua qu’il faudrait danser avec un certain protocole.Interview Ivor Miller a écrit :
Román Díaz is asked to come out. He goes over to the percussion ensemble and gets them in a pace that he likes. Which is very easy, because they’re basically playing the same music as the Abakuá do – the same instruments, fabricated in the same way, the same construction. So Román goes out and he starts chanting the phrase about the foundation of Abakuá in Cameroon: Iya, iya, kondondó. And all of a sudden the crowd starts responding, two to three thousand people. Usually an Abakuá ensemble is ten people, but Román is going out there essentially alone, with Vicente on the bonkó. And the entire crowd responds. And then using, of course, Cuban methods, he calls out the masked dancer, who responds to him and enters the competition. He picks up a drum which he uses as the symbolic drum to call out, because the drum is the symbol of authority, so the drum calls out the masked dancer, and he brings it to the high table, just like the others had done. The crowd goes wild, and for everyone there it’s the confirmation that the Abakuá is obviously an extension of their own culture. Iya, iya, kondondó is related to the myth of the woman who goes to the river. Iya is the fish. The fish who was an ancestor, who came back to bring the divine voice. In Efik iya is fish. In Abakuá iya is fish.
Je suis comme Mankosky d’avis que les gens devraient se sentir libres d’effectuer ou non des pas Orishas dans une chanson comme ils l’entendent. Par contre il me semble que ceux qui veulent passer à l’étape suivante qui serait de participer à un Bembe à tel ou tel Orisha avec les accoutrements d’usage devraient un peu se soucier de l’aspect religieux et culturel, du lieu et du public devant lequel ces danses sont exécutées. Dansées devant des Santeros on peut comprendre qu’il y ait chez eux un certain inconfort.