Cuba publie les grandes lignes des réformes économiques
L'EXPRESS.FR via REUTERS - 09/05/2011 à 22:37
Les autorités cubaines ont publié lundi les grandes lignes de 313 réformes économiques et sociales adoptées le mois dernier par le VIe congrès du Parti communiste, dont l'une devrait faciliter les déplacements des ressortissants cubains à l'étranger.
Peu de détails, toutefois, sont fournis sur le calendrier de mise en oeuvre de ces réformes visant à relancer une économie étatique qui croule sous l'endettement et qui est marquée par une faible productivité.
Les nouvelles mesures doivent encourager l'initiative privée et réduire le rôle de l'Etat dans la vie économique, tout en maintenant la planification et en interdisant l'accumulation des biens privés.
Ces changements incluent des coupes claires dans les effectifs de la fonction publique, les subventions et les dépenses et une ouverture accrue au secteur privé, dont la possibilité pour les petites entreprises d'embaucher leurs propres salariés.
Autre réforme radicale, les Cubains devraient pouvoir à terme acheter et vendre maisons et voitures, même si des restrictions accompagneront ce changement.
"J'assume mon dernier devoir avec une ferme conviction et l'engagement (...) à défendre, préserver et continuer de perfectionner le socialisme, et ne jamais permettre le retour du régime capitaliste", a lancé le président Raul Castro en clôturant le mois dernier le congrès du PCC, le premier depuis 1997.
Lundi, des files d'attente se sont formées devant les kiosques à journaux où étaient mises en vente les brochures dressant la liste des réformes.
Beaucoup de Cubains, cependant, se demandent comment les nouvelles mesures seront appliquées dans la pratique.
"La population ne sait pas trop à quoi s'en tenir parce qu'on annonce beaucoup de changements", dit Olivia Breto, une employée de 23 ans.
"Mais je pense que c'est quelque chose de bien parce c'est une ouverture de l'économie, une ouverture sur un marché que pour le moment nous ne connaissons pas vraiment", ajoute-t-elle.
Nombre de réformes sont déjà entrées en application, comme la réduction des effectifs dans la fonction publique, mais d'autres ont dû être affinées lors du congrès du PCC et attendent toujours leurs décrets d'application.
Jusqu'ici, la vente des maisons et des voitures a été strictement encadrée à Cuba. Si chacun pouvait acheter librement une maison, il était en revanche interdit de la revendre pour en tirer profit. Une disposition appelée "permuta" permettait toutefois de l'échanger contre une autre propriété, d'une valeur à peu près équivalente.
La brochure diffusée lundi dit simplement que la vente des maisons doit être possible et que les règles sur les transactions seront plus souples que précédemment.
En ce qui concerne les voitures, la législation était encore plus dure. Seuls quelques privilégiés avaient le droit d'en détenir une en leur nom propre - artistes, chanteurs, athlètes ou médecins. Seuls les véhicules datant d'avant 1959, date de la révolution, avaient le droit d'être achetés et vendus librement.
La brochure reste vague sur ce sujet, soulignant que l'Etat n'a pas l'intention pour le moment d'accroître les ventes de véhicules et accorde toujours la priorité à l'amélioration des transports publics.
Elle évoque, sans guère de précisions, la possibilité de faciliter les voyages à l'étranger.
La fin progressive des rations alimentaires distribuées chaque mois aux Cubains depuis plusieurs décennies est également prévue. Raul Castro avait décrit le mois dernier cette ration comme un "fardeau insupportable" pour le gouvernement.
Pour ce qui est des 3.700 entreprises publiques cubaines, qui contrôlent la majeure partie de l'économie, elles gagneront en autonomie mais celles qui ne sont pas rentables, c'est-à-dire la majorité, ne devront plus compter sur l'Etat pour être renflouées.
Les salaires des dirigeants et des employés des entreprises publiques seront liés aux performances financières de ces entreprises.
Une réforme prévoit aussi de mettre fin, à terme, au double système de devises, celui du peso convertible CUC et du peso cubain CUP avec lequel la plupart des salariés cubains sont payés. Le processus "devra être préparé et mis en place avec rigueur", souligne toutefois la brochure.
Suite de l'article >>
Cuba adopte une série de réformes
Radio Canada avec Agence France-Presse et Reuters - 09/05/2011 à 23h57
Les autorités cubaines ont rendu publiques lundi les grandes lignes de 313 réformes économiques et sociales, destinées à encourager l'initiative privée et à réduire le rôle de l'État dans la vie économique, tout en interdisant l'accumulation des biens privés. Elles devraient notamment permettre à la population de voyager à l'étranger, pour la première fois en plus de 50 ans.
Si les séjours à l'extérieur du pays ne sont pas formellement interdits, leur coût et les multiples barrages bureaucratiques auxquels ils sont soumis sont fortement dissuasifs. À part les athlètes, les artistes, les universitaires et quelques hommes d'affaires, très peu de Cubains ont la chance de se rendre à l'étranger.
La version finale des réformes économiques, annoncées à l'automne, amendées, puis adoptées lors d'un congrès historique du Parti communiste cubain, en avril dernier, inclut d'autres mesures à fort impact social.
« J'assume mon dernier devoir avec une ferme conviction et l'engagement [...] à défendre, préserver et continuer de perfectionner le socialisme, et ne jamais permettre le retour du régime capitaliste. » — Le président cubain, Raul Castro, lors de la clôture du congrès du PCC, le mois dernier
Les Cubains auront par exemple le droit de vendre et d'acheter des véhicules et des logements. S'ils peuvent déjà acheter librement une propriété, ils n'avaient jusqu'ici pas le droit de la revendre pour en tirer un profit. Cette interdiction a donné naissance, il y a plusieurs années déjà, à une vaste économie souterraine, par laquelle s'échangent les appartements.
Quant aux automobiles, elles ne peuvent être vendues qu'avec l'autorisation de l'État, à moins qu'elles ne datent d'avant la Révolution, ce qui fait le succès des vieilles Cadillac ou Buick américaines.
Le gouvernement cubain prévoit également l'élargissement à tous du crédit bancaire.
Autre élément prévu : la fin progressive des rations alimentaires distribuées chaque mois aux Cubains depuis plusieurs décennies, définies le mois dernier par Raul Castro comme un « fardeau insupportable » pour le pays. Les salaires des dirigeants et des employés des entreprises publiques seront liés aux performances financières de ces entreprises.
Les 3700 entreprises publiques cubaines, qui contrôlent la majeure partie de l'économie, gagneront pour leur part en autonomie, mais celles qui ne sont pas rentables, c'est-à-dire la majorité, ne pourront plus compter sur l'aide de l'État.
Gros point noir de l'économie cubaine, qui doit importer 80 % des produits alimentaires dont elle a besoin, la production agricole sera décentralisée.
Les changements incluent aussi des réductions dans les effectifs de la fonction publique, les subventions et les dépenses ainsi qu'une ouverture accrue au secteur privé, dont la possibilité pour les petites entreprises d'embaucher leurs propres salariés.
La fin du double système de devises
Les autorités comptent aussi éventuellement mettre un terme au double système de devises, celui du peso convertible CUC et du peso cubain CUP, avec lequel sont payés la plupart des salariés cubains. Le processus « devra être préparé et mis en place avec rigueur », indique toutefois la brochure.
Autant de mesures indispensables, selon le président Castro, pour éviter « un naufrage général » du modèle économique cubain, calqué sur celui de l'Union soviétique des années 70.
Plusieurs réformes sont déjà entrées en application, comme la réduction des effectifs, mais d'autres ont dû être affinées lors du congrès du Parti communiste et attendent toujours leurs décrets d'application.
Lundi, des files d'attente se sont formées devant les kiosques à journaux où étaient mises en vente les brochures dressant la liste des réformes. Les brochures distribuées restent cependant avares de détails sur ces sujets, et de nombreux Cubains se demandent comment seront appliquées, dans la pratique, les nouvelles mesures.
Les conditions restent encore à définir, tout comme le calendrier de mise en oeuvre de ces réformes, qui visent à relancer une économie étatique qui croule sous l'endettement et qui est marquée par une faible productivité.
Suite de l'article >>