Voici un avis
perso et empirique, qui a pour but de
synthétiser les infos données et reçues par de nombreux danseurs, cubains ou passionnés de salsa cubaine, professeurs ou assimilés, danseurs professionnels ou amateurs, etc...
Ce texte est destiné à celles et ceux qui ont envie de se prendre la tête sur le sujet, chose que peu de personnes ne font pas, souvent à raison, puisque l'intérêt majeur du danseur est de danser.
Et
ON ARRIVE TRES BIEN A DANSER SUR N'IMPORTE QUEL COMPTE, TANT QU'ON RESTE EN RYTHME.
C'est ce qui est prouvé par de nombreuses vidéos de cubains dansant la salsa cubaine.
La notion de danser sur le "1" ou autre est toutefois une notion nécessaire, car elle permet à un enseignant de donner un repère à ses élèves, de tenir un langage cohérent entre la musique qu'il passe et le discours sur la danse qu'il tient.
Même si cela est possible, il est difficile d’enseigner un cycle de pas à un groupe tout en changeant à chaque fois de repère musical.
L'intérêt du texte suivant est surtout de mieux comprendre, de prendre conscience de ce que l'on fait.
La vérité sur le sujet de départ (sur quel compte démarrer) n'existe pas.
Chaque personne a sa sensibilité, et j'essaierais ci-dessous de passer en revue quelques notions.
La salsa cubaine n'est pas une danse normée. Il n'y a pas de livre référence sur le Casino à ma connaissance.
(N.B. : j'ai cependant entendu dire qu'à Cuba les gens se rendaient de plus en plus compte de l'importance qu'avait pris le Casino en dehors de leurs frontières, et qu'ils cherchaient à tendre vers une normalisation, afin d'affirmer leur appropriation de ce patrimoine.)
Les deux règles fondamentales du casino, de la salsa cubaine, sont à mon sens :
1. On danse en rythme sur la musique, selon une rythmique vite-vite-lent ou lent-vite-vite (on est d'accord que quand on boucle cette rythmique, on obtient le même pas).
2. Les déplacements se font généralement sur un cercle.
Le reste, est généralement source de polémique (hein tonton Léo ?), ou de débat, selon les interlocuteurs, ou selon son vocabulaire.
Sur quel compte danser ?
Cela dépend de :
1. La sensibilité à la musique dans son ensemble, sans forcément prêter attention aux instruments en détail.
2. La sensibilité aux instruments.
3. Le côté empirique : j'ai appris de telle ou telle façon.
=> Encore une fois, ce qu'il faut retenir, c'est que tant qu'on danse en rythme, on danse, le reste est une question de référentiel.
Pour conventionner, dans ce qui suit, le compte de départ est le compte sur lequel le garçon pose le pied gauche, et la fille le pied droit.
Autre convention : on découpe la phrase musicale, en général en 4 temps musicaux, en 8 comptes, ce qui n’est pas forcément exact pour les musicos, mais plus facile pour les danseurs. On a donc les temps sur les comptes impairs, et les contretemps sur les comptes pairs (et on ne va pas plus loin, on parle pas de swing).
En gros...
Ce qu'on appelle danser sur le temps, c’est démarrer son cycle vite-vite-lent ou lent-vite-vite sur un compte "1", "3", "5" ou "7". Détail plus bas.
Ce qu'on appelle danser sur le contretemps, c’est démarrer son cycle lent-vite-vite sur un compte "4" ou "8".
(Jamais vu personne en cubaine démarrer sciemment sur le "2" ou "6", ou démarrer un cycle vite-vite-lent sur le contretemps, sauf pour un exercice technique).
Plus dans le détail...
Il ne s'agit pas de donner l'exhaustivité de ce qui existe, mais d'apporter des éléments auxquels se référer, à vous d'aller plus loin, par exemple pour les partitions des différents instruments (clave et autres)...
Danser sur le temps.
La phrase musicale est celle que l'on ressent intuitivement, sans forcément savoir dire pourquoi, celle qui est souvent marquée par un début de phrase du chanteur, celle qui constitue la mélodie.
Si on essaie de chanter cette mélodie, on va mettre une pause à la fin de chaque phrase.
Cette phrase démarre donc sur le "1", et les danseurs qui y sont sensibles démarrent sur le "1 derrière" (cycle "vite-vite-lent"), qu'on appelle communément et simplement le "1", ou sur le "1 côté" (cycle "lent-vite-vite"), que l'on appelle parfois démarrer sur le "3".
(N.B. souvent ceux qui dansent sur le "1" classique démarrent souvent sur un "lent" sur le "7" de la phrase musicale précédente, afin de préparer ce "1", et de commencer de façon plus "élégante".)
Le fait de commencer sur le "1 côté" semble être une dérive du pas de Son, qui se danse sur le contretemps et commence par un "lent" sur le "4" ou le "8" (cf. plus bas). J'en reparlerai plus bas, dans la section contretemps.
C'était donc le démarrage sur le "1".
Les instruments d'accompagnement, notamment la Campana (la cloche), marquent souvent fortement les temps "1", "3", "5", "7".
Les claves, de Son ou de Rumba, instruments mais aussi structures musicales de chaque morceau de salsa, contiennent toutes les deux 2 parties, une en 3 et une en 2. On parle de 3-2 ou de 2-3 selon le démarrage de la clave sur la mélodie (par la partie 2 ou la partie 3).
Dans le Son, la clave était majoritairement en 3-2. Dans la salsa moderne, elle tend à être de plus en plus souvent interprétée en 2-3.
Des deux phrases ci-dessus, ce qu'il faut retenir, c'est que la première tape de la partie en 3 marque soit le "1", soit le "5".
(Cf. ici pour la clave)
Chaque instrument joue selon une certaine partition, et il est possible de sentir le rythme de la musique grâce à un de ces instruments. Cependant, et pour les non professionnels de la musique, il n'est possible de retrouver la phrase musicale elle-même qu'en écoutant la mélodie.
Ceci explique que si le danseur ne prête attention qu'à un seul instrument pour démarrer, il peut démarrer sur n'importe quel temps, en l'occurrence pour les deux exemples ci-dessus, sur le "1", "3", "5" ou "7" pour la campana, "1" ou "5"pour la clave.
Personnellement je préfère danser en casino sur le "1" ("1 derrière"), car la structure du pas de base reste en cohérence avec la structure musicale, la globalité d'un déplacement ou d'une passe se fait en cohérence sur la musique (globalité car la préparation nécessaire se fait en fin de phrase précédente).
Quand on regarde des troupes de ruedas telle que celle de Casino.com, on se rend compte de cette recherche de cohérence avec la musique.
Cependant, je ne rappellerai jamais assez que tout autre option n’est pas fausse, tant qu’on danse en rythme, pas de soucis, on peut partager une danse avec n’importe qui, car notre repère rythmique sera quand même présent.
Le contretemps...
Avant la salsa était le Son. (Entre autres.)
Et le Son se danse sur le contretemps, car ces contretemps sont fortement marqués au niveau musical.
Afin de démarrer de façon élégante et de ne pas se presser sur le premier pas, le Son se commence sur un "lent" et a donc un cycle "lent-vite-vite".
Les percussions (en général les congas) marquent avec leurs "popo" les temps "4" et "8". Ces repères peuvent être utilisés pour démarrer le cycle.
A noter, comme précédemment, qu'il est difficile de déterminer facilement si on est sur le "4" ou sur le "8" avec les percussions, car elles jouent sur un cycle, et font partie d'un tout. C'est la phrase musicale globale qui va nous donner facilement un positionnement "4" et "8".
La troisième tape de la partie en 3 temps de la clave de Son marque le "4" (clave 3-2) ou le "8" (clave 2-3).
Le danseur qui se réfère à cette tape démarrera donc son cycle sur un de ces deux temps.
Ces références (non exhaustives) expliquent pourquoi on démarre à contre-temps sur le "8" ou le "4".
Si l'on recherche une cohérence entre la musique et la globalité des déplacements ou autres, on va être tenté de démarrer un lent pied droit sur le "8" pour les garçons.
Ceci peut-être discuté pour des raisons chorégraphiques ou autres, bien sûr.
Comme pour la danse sur le temps, pas de vérité, l'essentiel étant de rester en rythme et de savoir ce que l'on fait.
Certaines chansons de salsa marquent de façon plus expressive le contretemps (ex. : "Me mantengo" de Los Van Van), et certains danseurs aiment à danser la salsa à contretemps sur ces chansons (attention danser à contretemps ne veut pas dire que l'on danse le Son).
Cas particulier de la basse : sur certains morceaux, la basse marque fortement le temps, et le contretemps.
Ce qui explique pourquoi certains danseurs qui ont appris le Son, à contretemps, en se référant sur la basse, dansent la salsa sur le temps, toujours sur la basse, et en démarrant sur le "3".
Voilà, une modeste contribution à la question, fruit d'un onanisme cérébral entamé il y a quelques années déjà...
Merci, entre autres à Axel, Ricco, Fab, mais aussi tous les profs et danseurs pros à qui l'on a posé des questions, pour leurs éclaircissements et leur avis direct ou indirect sur la question...
Edition du 14/09/09 - mise à jour du lien vers la clave suite à la mise à jour du site...